LA  MUSE INSOLENTE  DE  GEORGES BRASSENS
Georges Brassens en allemand -- traduit et chanté par Ralf Tauchmann


J U L E S   V E R N E
(08 février 1828 - 24 mars 1905)




S O N N E T S

texte français tirés du site Jules Verne



traduction en allemand




LA VAPEUR
(1847)

Maintenant la vapeur est à l'ordre du jour.
Tout marche par son aide ! Est-ce un bien pour le monde ?
Pour bien choisir sur terre où toute chose abonde,
Faut-il donc se hâter, lorsqu'on en fait le tour.

On vole désormais sur la terre et sur l'onde ;
On fait sans y penser l'aller et le retour ;
On singe le soleil qui, lorsqu'il fait sa ronde,
Mesure en une nuit le céleste séjour.

Ce ne peut être un bien que dans ces temps de guerre,
Où sont anéantis ces hommes qui naguère
Marchaient contre la mort sans reproche et sans peur,

Si trompant l'ennemi par sa subtile ruse,
Refaisant des guerriers autant que l'on en use,
L'amour toutes les nuits marchait à la vapeur !



LA MORT
(1847)

Dans ce pauvre village où la vie est amère,
Le triste champ de mort, à l'aspect maladif,
Vient étaler les pleurs du cyprès et de l'if
A l'âme du passant qui pâlit et se serre !

Là, point de ces tombeaux, au chapiteau plaintif,
Où des riches s'endort la gloire mensongère,
Mais de fragiles croix, indice si naïf
De l'endroit où du pauvre a fini la misère !

A la ville où toujours pétille le plaisir,
Où l'abondance obvie au plus simple désir,
La mort n'est pas la fin d'un esclavage !




LA LUNE
(1847)

Bien des gens en ce monde ont une humeur byzarre,
Et dont on cherche en vain la cause et le secret ;
Sans qu’on sache pourquoi, leur esprit douceret
En un instant hargneux, coléreux se déclare ;

L’un défend une chose, et puis il la permet ;
L’autre Anglais le matin, le soir se fait Tartare.
L’un à l’esprit posé devient brouillon, distrait,
L’autre, grand orateur, est muet à la barre ;

L’un change d’habitude aussitôt déjeuner ;
Et l’autre pour le faire attend après dîner ;
Avare, celui-ci prodigue sa fortune ;

L’un progressiste à fond tourne aux conservateurs ;
D’où viennent les reflux et flux de ces humeurs ?
Comme ceux de la mer, n’est-ce pas de la lune ?




QUAND PAR LE DUR HIVER
(1849)

Quand par le dur hiver tristement ramenée
La neige aux longs flocons tombe, et blanchit le toit,
Laissez geindre du temps la face enchifrenée.
Par nos nombreux fagots, rendez-moi l'âtre étroit !

Par le rêveur oisif, la douce après-dînée !
Les pieds sur les chenets, il songe, il rêve, il croit
Au bonheur ! - il ne veut devant sa cheminée
Qu'un voltaire bien doux, pouvant railler le froid !

Il tisonne son feu du bout de sa pincette ;
La flamme s'élargit, comme une étoile jette
L'étincelle que l'oeil dans l'ombre fixe et suit ;

Il lui semble alors voir les astres du soir poindre ;
L'illusion redouble ; heureux ! il pense joindre
A la chaleur du jour le charme de la nuit !




A LA MORPHINE
(1886)

Prends, s'il le faut, docteur, les ailes de Mercure
Pour m'apporter plus tôt ton baume précieux !
Le moment est venu de faire la piqûre
Qui, de ce lit d'enfer, m'enlève vers les cieux.

Merci, docteur, merci ! qu'importe que la cure
Maintenant se prolonge en des jours ennuyeux !
Le divin baume est là, si divin qu'Epicure
Aurait dû l'inventer pour l'usage des Dieux !

Je le sens qui circule en moi, qui me pénètre !
De l'esprit et du corps ineffable bien-être,
C'est le calme absolu dans la sérénité.

Ah ! perce-moi cent fois de ton aiguille fine
Et je te bénirai cent fois, Sainte Morphine,
Dont Esculape eût fait une Divinité.


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