LA  MUSE INSOLENTE  DE  GEORGES BRASSENS
Georges Brassens en allemand -- traduit et chanté par Ralf Tauchmann

LA ROSE, LA BOUTEILLE ET LA POIGNÉE DE MAIN
(Paroles/musique: Georges Brassens)


Cette rose avait glissé de

La gerbe qu'un héros gâteux
Portait au monument aux Morts...
Comme tous les gens levaient leurs
Yeux pour voir hisser les couleurs,
Je la recueillis sans remords.

Et je repris ma route et m'en allai quérir,
Au p'tit bonheur la chance, un corsage à fleurir,
Car c'est une des pir's perversions qui soient
Que de garder une rose par-devers soi.

La première à qui je l'offris
Tourna la tête avec mépris;
La deuxième s'enfuit et court
Encore en criant: «Au secours!»
Si la troisième m'a donné
Un coup d'ombrelle sur le nez,
La quatrième, c'est plus méchant!,
Se mit en quête d'un agent...

Car, aujourd'hui, c'est saugrenu:
Sans être louche, on ne peut pas
Fleurir de belles inconnues,
On est tombé bien bas bien bas...

Et ce pauvre petit bouton
De rose a fleuri le veston
D'un vague chien de commissaire,
Quelle misère!
 


Cette bouteille était tombée

De la soutane d'un abbé
Sortant de la messe ivre mort...
Une bouteille de vin fin
Millésimé, béni, divin;
Je la recueillis sans remords.

Et je repris ma route en cherchant plein d'espoir
Un brave gosier sec pour m'aider à la boir',
Car c'est une des pir's perversions qui soient
Que de garder du vin béni par-devers soi.

Le premier refusa mon verr'
En me lorgnant d'un œil sévèr';
Le deuxième m'a dit, railleur,
De m'en aller cuver ailleurs;
Si le troisième, sans retard,
Au nez m'a jeté le nectar,
Le quatrième, c'est plus méchant!,
Se mit en quête d'un agent...

Car, aujourd'hui, c'est saugrenu:
Sans être louche, on ne peut pas
Trinquer avec des inconnus,
On est tombé bien bas bien bas...

Avec la bouteille de vin
Millésimé, béni, divin,
Les flics se sont rincé la dalle,
Un vrai scandale!
 


Cette pauvre poignée de main

Gisait oubliée en chemin
Par deux amis fâchés à mort...
Quelqe peu décontenancée,
Elle était là dans le fossé;
Je la recueillis sans remords.

Et je repris ma route avec l'intention
De faire circuler la virile effusion,
Car c'est une des pir's perversions qui soient
Que d' garder un' poignée de main par-devers soi.

Le premier m'a dit: « Fous le camp!
J'aurais peur de salir mes gants! »
Le deuxième, d'un air dévot,
M'a donné cent sous, d'ailleurs faux;
Si le troisième, ours mal léché,
Dans ma main tendue a craché,
Le quatrième, c'est plus méchant!,
Se mit en quête d'un agent...

Car, aujourd'hui, c'est saugrenu:
Sans être louche, on ne peut pas
Serrer la main des inconnus,
On est tombé bien bas bien bas...

Et la pauvre poignée de main,
Victime d'un sort inhumain,
Alla terminer sa carrière
A la fourrière...


 

(© 1969 Éditions Musicales 57)

 Homepage © 2000-2011 Ralf Tauchmann Inhalt und Gestaltung: Ralf Tauchmann